9 janvier 2020

Inégalités dans l'incidence et la sécurité de l'avortement au Nigeria

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Les auteurs : Suzanne O Bell, Elizabeth Omoluabi, Funmilola OlaOlorun, Mridula Shankar, Caroline Moreau

Journal : BMJ Global Health, Jan 2020

Contexte : Nous savons peu de choses sur la fréquence, les corrélats et les conditions dans lesquelles les femmes provoquent des avortements au Nigeria. Cette étude cherche à estimer l'incidence des avortements provoqués sur un an et la proportion d'avortements dangereux dans l'ensemble et selon les caractéristiques des femmes, en utilisant des méthodologies directes et indirectes.


Les méthodes : Les données de cette étude proviennent d'une enquête démographique représentative au niveau national sur les femmes en âge de procréer (15-49 ans) au Nigeria. Les enquêteurs ont demandé aux femmes de rendre compte des expériences d'avortement de leur confidente la plus proche et d'elles-mêmes. Nous avons corrigé les biais potentiels dans les données des confidentes. Les analyses comprennent l'estimation de l'incidence des avortements provoqués sur un an et des avortements à risques, ainsi que l'évaluation bivariée et multivariée de leurs corrélats.

Résultats : Au total, 11 106 femmes en âge de procréer ont répondu à l'enquête féminine ; elles ont fait état de 5772 confidentes. L'incidence des avortements sur un an pour les répondantes était de 29,0 (IC à 95 % : 23,3 à 34,8) pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans, tandis que l'incidence des confidentes était de 45,8 (IC à 95 % : 41,0-50,6). Les incidences d'avortements des répondantes et des confidentes ont révélé des corrélations similaires, les femmes dans la vingtaine, les femmes ayant un niveau d'éducation secondaire ou supérieur et les femmes des zones urbaines étant les plus susceptibles d'avoir subi un avortement au cours de l'année précédente. La majorité des avortements pratiqués par les répondantes et les confidentes étaient les plus dangereux (63,4% et 68,6%, respectivement). Les femmes âgées de 15 à 19 ans, les femmes n'ayant jamais fréquenté l'école et les femmes les plus pauvres étaient nettement plus susceptibles d'avoir subi les avortements les plus dangereux.

Conclusion : Les résultats indiquent que l'avortement au Nigeria est une préoccupation de santé publique et un problème d'iniquité sociale. Les efforts visant à étendre les conditions légales de l'avortement au Nigeria sont essentiels. Simultanément, les efforts de sensibilisation à la disponibilité des médicaments pour l'avortement afin de mieux se les administrer en toute sécurité peuvent contribuer à atténuer le bilan de la morbidité et de la mortalité liées à l'avortement pratiqué dans des conditions dangereuses.

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